CRISTALLERIE de BACCARAT, vase en verre givré à décor émaillé de fleurs. Monture en bronze doré signée. Hauteur : 20 cm. Estimation : 700 €.
Histoire de la Cristallerie de BACCARAT :
De 1764 à 1816 :
En 1764 le roi Louis XV donna la permission de fonder une verrerie d’art dans la ville de Baccarat dans la Lorraine à l’évêque de Metz Louis-Joseph de Montmorency-Laval (1761-1802).
Après la fermeture récente des salines, une grande quantité de bois jusqu’alors apporté par flottage à Baccarat devenait disponible. Le propriétaire de la forêt d’où venait ce bois (Monsieur de Montmorency-Laval, alors évêque de Metz) désirait leur trouver un autre usage et cherchait à faire créer à Baccarat une usine à feux. Cela aurait pu être une forge s’il y avait eu du minerai de fer sur place, ou une faïencerie, mai on lui préféra néanmoins une verrerie. La justification donnée à la création de cette entreprise dans une requête faite au Roi en 1764 par le propriétaire du site, Monseigneur de Montmorency-Laval est « Sire, la France manque de verrerie d’art, et c’est pour cela que les produits de Bohême y entrent en si grande quantité : d’où il suit une exportation étonnante de deniers, au moment où le royaume en aurait si grand besoin pour se relever de la funeste guerre de Sept Ans, et alors que depuis 1760, nos bûcherons sont sans travail ».
La vaste enceinte de la Compagnie des Cristalleries de Baccarat se confond alors rapidement avec presque toute le petite ville de Baccarat. La production consistait à la fabrication de carreaux à vitre, mais aussi de miroirs (argenté au mercure) et de services de verre. En 1785, l’usine est devenue la troisième plus grande verrerie d’Europe, seulement concurrencé par la cristallerie de Saint-louis et la cristallerie de Saint-Quirin.
Après la Révolution Française, l’entreprise périclita jusque sa faillite en 1806, date à laquelle elle fut vendue aux enchères à un négociant de Verdun. Les activités de la Verrerie continuèrent ensuite avec difficulté jusque 1816.
En 1816, la Verrerie fut rachetée par l’industriel franco-belge Aimé-Gabriel d’Artigues (1773-1848), déjà propriétaire des Cristalleries de Vonêche en Belgique, ce qui lui permet de retrouver une clientèle française sans avoir a payer de taxes d’importation, car Vonêche venait de quitter le royaume de France pour la Belgique. En échange de son investissement en France, d’Artigues obtient le droit d’importer 10 000 quintaux de « cristal brut » à tailler et ciseler en France, mais il a en contrepartie deux ans pour (re)lancer à Baccarat la production d’au moins 10 000 quintaux de cristal par an1. Le premier four à cristal commença à opérer à cette époque et jusqu’à 300 personnes étaient employées sur le site.
L’ancienne « Verrerie Saint-Anne » devint ainsi une Cristallerie sous le nom de « Établissements de Vonêche à Baccarat ». Ce fut le début de la prestigieuse ascension des Cristalleries de Baccarat.
De 1817 à 1870 :
Bien que l’intitulé de la raison sociale de l’usine soit encore « Verrerie », elle est en fait déjà spécialisée dans le cristal1 qui provient encore en Europe surtout de Bohême (Cristal de Bohême).
L’entreprise embauche mais peine à rentabiliser sa production puis se trouve en difficulté financière.
Son vrai démarrage date du rachat (pour la somme de 396 000 F) des parts trois associés (Pierre-Antoine Godard-Desmarets, François-Marie- Augustin Lescuyer, propriétaire à Charleville, et Nicolas-Rémy Lolot, négociant à Charleville), en 1822/1823 par un parisien fortuné, Pierre-Antoine Godard-Desmarest qui achète aussi cette même année dans la Thiérache du nord de la France la verrerie de Trélon, petite usine proche de vastes forêts très productives en bois, et qui produisait jusqu’alors du verre à vitre (Dans l’ombre de la première, elle produira du cristal de 1826 à 1874 pour le compte de Baccarat). En 1824 la cristallerie obtient le statut légal de Société anonyme.
Godard-Desmarest confie la direction de la société à un jeune Polytechnicien, Jean-Baptiste Toussaint. De cette décision date la naissance de deux dynasties familiales, l’une possédant le capital de la société, et l’autre dirigeant l’entreprise.
Baccarat reçut sa première commande royale en 1823 du roi Louis XVIII. Ce fut le début d’une longue série de commandes pour les familles royales et chefs d’état de toute la planète. Ce fut également une période de forte croissance internationale.
En 1855 Baccarat gagna sa première médaille d’or à l’exposition universelle de Paris.
Baccarat dépose à partir de 1860 sa marque déposée sur ses pièces (La marque était alors une simple étiquette collée sur les pièces).
La production de cristal prit son ampleur durant cette période dans la cristallerie de luxe, où Baccarat s’est construit une réputation mondiale en fabriquant des verres au plomb de très grande qualité, des chandeliers, des vases et des flacons de parfum.
De 1870 à 1936 :
L’ère impériale s’acheva en 1870 avec la défaite de Napoléon III. Les échanges extérieurs à la France commencèrent à avoir une plus grande influence sur le travail de Baccarat, particulièrement les importations du Japon.
Une forte croissance continua en Asie pour Baccarat, la manufacture pouvant y répondre par la mécanisation de certaines étapes de la fabrication. En 1891, 4 189 des 5 723 habitants travaillaient à la cristallerie ou vivaient avec des employés de la Cristallerie. Elle passe de 1 125 ouvriers en 1855 à 2 223 en 1900, ce qui faisait d’elle une des grandes usines françaises.
Fin XIXe siècle la maison Baccarat fait construire un dépôt, magasin de vente et atelier de bronze au sud de l’enclos Saint-Lazare, rue de Paradis-Poissonnière, actuelle rue de Paradis à Paris, aux nos 30 et 30bis. Ce dépôt comptait 246 employés en 1899. Ce bâtiment deviendra par la suite musée Baccarat jusqu’en 2003 et hébergera un temps la Pinacothèque de Paris à partir de 2003.
Un des marchés les plus forts pour Baccarat était les flacons de parfums, en 1907 la production était de plus de 4000 flacons par jour.
En 1936, Baccarat signe toutes ses pièces à l’acide ou au sablage.
Les cristalleries sont dirigées depuis 1868 par Paul Michaut, qui a été sous-directeur, administrateur-adjoint, puis administrateur-directeur, à la suite de son mariage avec la fille de jean-Baptiste Toussaint. Lui a succédé en 1883 son fils Adrien Michaut, qui a dirigé la compagnie jusqu’à son décès en 1936. Un autre de ses fils, Henri Michaut, a été administrateur et sénateur.
Paul Michaut a imprimé de sa forte personnalité les destinées de la compagnie, surtout à partir des années 1870, en ce qui concerne les transformations industrielles et les règles sociales, fondées sur un « ordre social » paternaliste et catholique, méfiant à l’égard des initiatives sociales antérieures. Son fils est à l’origine de la fondation d’une crèche (1895), d’un système de protection sociale combinant prévoyance et épargne, d’un fonds de chômage. La compagnie a d’ailleurs reçu un prix en 1889 lors de l’exposition sociale de 1889.
Depuis 1936 :
Baccarat créa une filiale américaine en 1948 à New York. En 2005 il existait 13 magasins aux États-Unis. Une rétrospective fut tenue en 1964 au Musée du Louvre pour célébrer le 200e anniversaire des réalisations en cristal. En 1994 Baccarat réalise un gigantesque lustre en cristal de 230 lumières pour son 230e anniversaire.
En 1993 Baccarat se mit à la bijouterie et en 1997 étendit son activité dans la parfumerie. En 2005, le célèbre designer Philippe Starck dessine une collection spéciale « noire » : Darkside, dont le lustre Zenith.
Verre Harcourt :
Harcourt est une collection de verres de table en cristal de la maison Baccarat. Créée en 1841, elle se distingue par une ligne simple et la mise en valeur de la forme et porte le nom de « forme gondole à triple bouton ». C’est à l’occasion de l’exposition internationale de 1925 que la collection change, comme beaucoup d’autres chez Baccarat, de nom, celui d’Harcourt, faisant référence à l’une des plus vieilles famille noble française. Ces verres sont présents sur la table de Napoléon III puis des dîners présidentiels, d’ambassades et même du pape. À partir de 2002, des designers revisitent les verres Harcourt, comme Philippe Starck qui les noircit. Pour les 170 ans de la ligne, Baccarat les décline avec des médaillons représentant Louis XV et son épouse Marie Leszczynska (le roi ayant autorisé la création de la manufacture Baccart).
Actionnariat :
En 1853, Mlle Godard-Desmarest, la riche héritière des cristalleries épouse Joseph, Dominique, Aldebert de Chambrun, philanthope inspiré par les idées de Le Play, qui n’a pas réussi à convaincre la direction de la société de suivre ses recommandations, jugées trop hardies, mais finança l’agrandissement de l’hôpital de Baccarat qui recueillit ses ouvriers les plus atteints (tuberculose, saturnisme des minionneurs, graves accidents du travail). La société restera dans la famille de Chambrun jusqu’en 1989 lorsque la Fondation Josée et René de- hambrun auquel René de Chambrun avait apporté ses actions céda au groupe Taittinger une part majoritaire du capital. Elle sera alors présidée par Anne-Claire Taittinger jusqu’en 2005.
Le groupe Taittinger céda son capital en juillet 2005 au fonds d’investissement américain Starwood Capital Group des frères Barry et Russell Sternlicht. Barry Sternlicht est l’actuel président de Baccarat.
En juin 2007, la Fondation de Chambrun et la Fondation Cognacq-Jay cédèrent respectivement 33 % et 1 % du capital de la société à Starwood Capital Group.
À septembre 2011, le capital est réparti de la manière suivante:
https://leverrelecristaletlapatedeverre.wordpress.com/2014/01/30/la-cristallerie-de-baccarat-le-prestige-francais-a-letranger/