Archives mensuelles : juillet 2020

Vase des Frères MULLER à décor lacustre gravé à l’acide haut de 16 cm (France)

Frères MULLER (1897-1936), vase balustre en verre multicouche à décor dégagé à l’acide traité violet sur fond beige et mauve marmoréen. Signé MULLER Frères Lunéville, en réserve gravé en camée à l’acide. Hauteur : 16 cm. Estimation : 200 €.

Les signatures :

Les signatures pour la période entre 1897 et 1914 sont les suivantes : « Muller Croismare », « DMuller Croismare » pour Désiré Muller, « EMuller Croismare » pour Eugène Muller, « hMuller Croismare prés de Nancy » pour Henri Muller, « hMuller Croismare » pour Henri Muller, « CROISMARE », « Crois Mare GV », « Muller », avec des variantes.

Les signatures pour la période entre 1919 et 1933 sont les suivantes : « G.V. DE CROISMARE » pour Grande Verrerie de Croismare pour les luminaires, « MULLER FRES LUNEVILLE » avec des variantes, « MULLER FRES FRANCE » pour les modèles destinés à l’exportation, « MULLER FRERES LUNEVILLE » avec des variantes, « MULLER FRERES LUNEVILLE FRANCE » pour des modèles destinés à l’exportation, « M F » et « MULLER Fr. ».

Les signatures pour la période entre 1897 et 1933 sont les suivantes : « Verrerie d’Art de Lorraine Muller & Cie Croismare », « Cristallerie de l’Opéra Rue de la Paix Muller », « E.Corbin Muller Croismare » pour les modèles fabriqués pour les Magasins Réunis de Nancy dirigés par Eugène Corbin après 1903, « VSL » et  » Val St Lambert » pour les modèles fabriqués par Désiré et Eugène Muller aux Cristalleries de Val Saint Lambert avec des variantes entre 1905 et 1908,  » MULLER CROISMARE CLAIN & PERRIER » pour le diffuseur en gros parisien Clain & Perrier, « Muller Frères Fecit PRIMAVERA FRANCE » et « Atelier Primavera Muller Fres LUNEVILLE » pour les grands magasins du Printemps vers 1925, « Muller Frères Lunéville Chapelle » pour les pièces réalisées en collaboration avec la ferronnerie Chapelle entre 1925 et 1930, « Muller Fres Lunéville U. GUAITA » pour les pièces réalisées en collaboration avec l’atelier de ferronnerie Maroello Guaita, « NICS » pour les pièces réalisées avec l’atelier de ferronnerie des Etablissements Nics, et « ASERVA ».

Frères MULLER à Lunéville (1897-1936) l’histoire d’une famille verrier (France)

Coupe en verre six pieds d’Auguste JEAN (France)

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Auguste JEAN, coupe en verre supportée par six pieds. Dimension : 19,3 cm x 28 cm x 11,8 cm. Estimation : 150 €.

Auguste JEAN est né à Paris vers 1830. Fils de céramiste, il commence à être connu à partir de 1860 comme céramiste et décorateur de faïences fines avant de se tourner vers la verrerie d’art. Novice, il a apporté un bouleversement dans la technique des décors émaillés.

Ses premiers décors japonisants de vase sont peints aux émaux polychromes en haut relief et à l’or. Ils les réalisent sur des vases, coupes, corbeilles à base tripode et à corps penché.

Il les exécute à la Cristallerie de Clichy en cristal. Ses verreries sont remarquées pour la première fois à l’Exposition universelle de Paris de 1878 où il reçoit une médaille de bronze. Il propose des pièces de verre coloré de forme classique, mais compliquée par des saillies et des reliefs, obtenus par un travail de la masse vitreuse à la pince, à chaud, ce qui deviendra sa marque distinctive.

En 1885, il arrête toute production suite au rachat par de la Cristallerie de Clichy par celle de Sèvres. Inventeur inlassable, Auguste Jean a ouvert, grâce à la liberté et à l’invention de ces formes exubérantes, la voie aux recherches qui sont encore celles des verriers contemporains.

Auguste JEAN (1829-1896) précurseur de l’Art Nouveau (France)

Pichet en verre émaillé d’Emile GALLE haut de 23 cm à décor d’un brasseur et de 2 femmes avec mentions « Je t’embrasse » et « Brasserie » (France)

Émile GALLE (1846-1904), pichet en verre émaillé polychrome à décor d’un brasseur et deux jeunes femmes, souligné de branchages fleuris oranges et marqué au revers « Je t’embrasse » et marqué à la partie supérieure Brasserie. Signé à la pointe au revers E. GALLE, Nancy. Hauteur : 23 cm. Largueur : 17 cm. Estimation : 800 €.

L’après Gallé :

Emile Gallé meurt terrassé par une leucémie le 23 septembre 1904 à 6 h du matin à son domicile. Agé de 58 ans, il sera enterré le surlendemain dimanche 25 septembre à 14 h en toute simplicité et, conformément à ses vœux, sans l’apparat militaire dû à son rang de commandeur de la Légion d’honneur. Les artistes de l’Ecole de Nancy offrent une simple palme ornée de branches de chêne, brisée, dans laquelle s’ordonnaient des clématites sauvages, une jetée de roses et quelques branches de chardons de Nancy. L’inhumation a lieu au cimetière de Préville à Nancy.

Il existe aucune archives commerciales des Etablissements Gallé. Ils ont été volontairement détruites. Seuls des correspondances notamment celles de Paul Perdrizet permettent de connaître plus de détails dans la production de la manufacture.

Les Etablissements Gallé continueront à produire des verreries et des meubles de style Art Nouveau jusqu’à la fermeture de l’usine. C’est à contre courant de la mode et de l’évolution artistique vers l’Art Déco que les nancéens continueront à acheter « du Gallé ». Puis pendant quarante ans on ne parlera plus d’Emile Gallé. A l’exception de quelques amateurs avisés, bien des nancéiens se débarrasseront des Gallé en leur possession. Les anecdotes sont nombreuses. Une sellette marquetée et signée Emile Gallé est transformée en table basse …. Des vases serviront aux utilisations les plus diverses. On m’a rapporté que certains d’entres eux formés des bordures d’allées de potager …

Emile GALLE (1846-1904), Maître de l’Art Nouveau (France)

Vase de Paul NICOLAS haut de 24 cm à décor de daturas signé « D’ARGENTAL) (France)

Paul NICOLAS (1875-1952), vase à corps ovoïde et long col conique en verre doublé vert sur fond jaune orangé. Décor de daturas gravé en camée à l’acide.  Signé D’ARGENTAL. Hauteur : 24 cm. Estimation : 500 €.

Paul Nicolas est issu de l’École de Nancy. Elève d’Émile Gallé dont il rejoint l’entreprise en 1894 après un bref passage chez l’architecte Charles André. Il crée en 1919 sa propre entreprise avec trois artistes de chez Gallé : Pierre Mercier, Emile Villermaux et Eugène Henri Windeck et le soutien des Cristalleries de Saint-Louis.

Il produit à contre-courant des goûts de l’époque, des verreries Art Nouveau proches des séries industrielles des Etablissements Gallé toujours en activités. Les blancs sont produits à Saint Louis, alors que la gravure à l’acide est exécutée à Nancy, dans son atelier.

Il signe d’abord ses productions « d’Argental », puis à partir de la fin des années 1920, de son nom, « P. Nicolas », en y ajoutant de temps en temps la mention « Nancy » et parfois la Croix de Lorraine.

Le style de Paul Nicolas évolue avec le temps. Les oeuvres signées « d’Argental » sont typiques de l’École de Nancy, puis s’en écartent progressivement, en particulier en témoignant de l’influence de l’art déco.

Les œuvres signées « P .Nicolas » qui sont donc plus tardives, témoignent de la recherche personnelle de l’artiste vers la stylisation, ainsi que vers des techniques mettant en valeur le cristal, seule matière sur laquelle il travaille jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Au sortir de celle-ci, ne pouvant plus se fournir en cristal à Saint-Louis, il travaille le verre jusqu’à sa mort en 1952. Il utilise au cours de sa carrière l’ensemble des techniques de travail du verre et du cristal : émaillage, gravure à l’acide, gravure à la roue, taille à la meule, applications à chaud, décor intercalaire…

Paul NICOLAS (1875-1952) (D’Argental) élève d’Emile GALLE (France)

Vase de Paul NICOLAS signé D’ARGENTAL haut de 16 cm (France)

Paul NICOLAS ( 1875-1952), vase en verre à décor de charbons gravé à l’acide. Hauteur 16 cm. Signé : « D’ARGENTAL ». Estimation : 700 €.

Paul Nicolas a été un exceptionnel Maître-Verrier de Nancy qui a marqué l’Ecole de Nancy. Après avoir travaillé avec Emile Gallé, il créé en 1919 son atelier qui sera situé dans sa maison, au 64 de la rue de la République à Nancy. Au plus fort de son succès, il a compté jusqu’à 12 décorateurs. 

En juin 2013, j’ai eu la chance de rencontrer Florence Nicolas sa petite fille qui vit à Paris. Fille de Jacques (dernier enfant de Paul Nicolas) et Colette Nicolas, elle n’a pas connue son grand-père mais très bien sa grand-mère. Lors de notre rencontre, j’avais le sentiment de vivre un moment extraordinaire. Je buvais ses paroles et je ne cessais de l’observer. Elle avait le regard de Paul Nicolas que j’ai pu découvrir sur des photos d’époque : claire, intelligent et honnête. Florence Nicolas voue son temps à faire connaître son grand-père, qui était d’un humanisme reconnu par tous.

Paul Nicolas est né en 1875 à Laval devant Bruyères dans les Vosges, en territoire annexé par l’Allemagne depuis 1871. En 1888, ses parents décident comme beaucoup d’autres de rester français et déménagent à Laxou.

Son père Jean-Pierre Nicolas, achète une propriété à Saint-Anne (quartier de Laxou) et fonde son entreprise d’horticulture. Ce qui était au départ un drame pour la famille, devient ainsi une opportunité : Nancy est à l’époque un creuset pour les arts et les sciences, avec le mouvement Art Nouveau.

Paul NICOLAS (1875-1952) (D’Argental) élève d’Emile GALLE (France)