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Verrerie de Bar sur Seine (1784-1937) connue grâce à Maurice Marinot (1883-1960) (France)

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Fondée en 1784, la verrerie de Bligny, après des difficultés (faillites en 1875 et 1879), ne survit qu’au prix d’un déménagement à Bar-sur-Seine en 1881, afin d’alléger les coûts de transport considérables de la houille, à laquelle elle s’est convertie après 1875. Le nouveau site, qui a nécessité des investissements considérables, appartient au banquier barséquanais Édouard Brocard.

Son neveu Georges Brocard, maître de verrerie, est associé à l’entreprise en 1885. Il en assure la direction de 1901 à 1908, date de son décès. Le hall d’entrée de l’usine est élevé par les Éts Louis Maison des Riceys. Les ateliers de gravure et d’emballage, la salle des machines et les ateliers de mécanique s’échelonnent de plain-pied à côté du hall des fours. L’entreprise, desservie par un embranchement ferroviaire, fabrique des verres décorés : services à bière, à liqueurs, à vins fins, verres à eau, vases…, présentés à Paris et Marseille. Elle occupe jusqu’à 300 ouvriers. En 1910, la crue de la Seine submerge l’usine et détruit de nombreux creusets. La recherche d’investisseurs ou de repreneurs permet aux frères Eugène et Gabriel Viard de reprendre l’entreprise.

En 1911, à l’occasion d’une visite des Verreries cristalleries, le peintre troyen Maurice Marinot (1883-1960), subjugué par les méthodes de fabrication du verre, déclare qu’il éprouve « un violent désir de ce nouveau jeu ». Les nouveaux patrons, Eugène et Gabriel Viard, lui réservent un atelier d’études et de fabrication dans lequel il va réaliser progressivement l’unité du verre et du décor. Marinot crée d’abord des décors émaillés de style fauve sur des vases en verre blanc dont les formes – qu’il a dessinées – sont élaborées par un verrier. Il s’essaie aux procédés de gravure à l’acide. À partir de 1923, Marinot apprend le métier de verrier quand il comprend que l’émail masque la beauté intrinsèque du verre. Il rejette la décoration de surface en faveur de techniques originales comme l’inclusion d’oxydes métalliques entre différentes couches superposées de verre transparent. Il utilise aussi un verre « malfin » (imparfaitement raffiné) afin de créer un effet de bulles. Il invente des tons rouge fraise et bleu turquoise. De 1927 à 1937, Marinot modèle à chaud des pièces épaisses et d’un seul bloc sur lesquelles il travaille en sculpteur.

En 1932, un legs d’Ernest Pillot, ancien directeur de la verrerie, permet l’édification d’une passerelle sur la Seine. Oeuvre des Éts Maison-Moutard aux Riceys, elle facilite le passage des ouvriers de l’usine. La verrerie possède une école privée depuis 1883, une colonie d’enfants orphelins, une coopérative, une société de musique et des logements ouvriers. Elle ferme ses portes en 1937 alors qu’un incendie en 1934 avait occasionné sa reconstruction en 1936. De nouvelles destructions ont lieu lors de la Seconde Guerre mondiale.

De 1947 à 1951, les bâtiments sont occupés par l’usine de verres optiques Guilbert et Ponty. De 1951 à 1956, s’y succèdent une coopérative agricole puis la Société industrielle barséquanaise des plastiques qui fait faillite. De 1956 à nos jours, le site abrite une chaudronnerie spécialisée sous la raison sociale EIC Industries.